Dans le Ventre de la Baleine
65 x 91,5 cm et 150 x 230 cm- encre de chine sur papier
Dans cette série, Maxime Borowski explore avec minutie le domaine de l’étrange. Il amène à notre vue des créatures et des objets appartenant au monde du secret, des choses dissimulées, dévoyées, déformées. Nous y trouvons des objets vivants, des corps difformes mais palpitants.
L’artiste travaille l’unité dans la multiplicité, faisant jaillir d’agglomérats grouillants un surprenant panthéon. Ces difformités sont celles de mythes modernes, lovecraftiens et étrangement érotiques.
De ces planches il suinte en effet une sensualité pesante, indescriptible mais indéniablement tangible.
Son travail est aussi celui de la création de fétiches en cela qu’il nous renvoie aux fétichistes que nous sommes : des adorateurs d’objets, objectivant des sujets, assujettissant des objets.
C’est finalement devant notre rapport à notre corps, à notre désir, à nos secrets que nous met l’artiste, nous incitant à nous demander « y a-t-il une vie dans ce corps » et aussi « ce qui surgit du ventre de la baleine vit-il dans le mien ? »
Pour mener à bien cette tâche Borowski accomplit un travail de patience. Il travaille à l’encre de chine, traçant, frottant. Il badigeonne de noir pour mieux faire ressortir la lumière, exploitant l’usure de ses pinceaux pour mieux en extraire d’invraisemblables volumes.
Il en résulte un rapport très physique à la peinture, un trait minutieux et acharné qui sculpte la matière, utilisant la feuille et l’encre comme de la glaise pour un rendu d’une grande densité.
Cette série est un fil tendu entre réalisme cru et onirisme qui nous invite à nous interroger sur notre nature, notre hubris, sans tomber dans l’affliction. Ou peut-être que si.
Texte de Paul Carlier.
2019 –